Les 9 nouveaux comportements amoureux
Choisir qui l’on aime, aimer qui l’on veut : pour arriver à ces libertés qui nous semblent évidentes, il a fallu une longue révolution sentimentale qui a commencé au XVIIIe siècle. Pascal Bruckner décrit dans « Le Paradoxe amoureux », les nouveaux comportements amoureux, que nous allons pouvoir explorer avec nos clients.
Les réseaux sociaux
« Internet permet de court-circuiter les vieux protocoles douloureux de la drague : un homme et une femme, face à face, un peu bêtes, transis, ânonnant comme ils peuvent… Ainsi, Internet brise la glace et raccourcit les délais. Sans l’épreuve du visage de l’autre, on peut s’abandonner à plus de fantaisie, à plus de confidences. Pour les timides et les anxieux, quelle libération, quelle explosion des possibilités ! Le risque ? Convoquer et révoquer l’autre en un clic : autrui devient jetable. »
Le néo-puritanisme
« Ce n’est pas le puritanisme qui nous menace, car il est simplement le pendant du porno et de la liberté sexuelle. Le puritain a besoin du pornocrate pour s’indigner, le pornocrate a besoin du puritain pour s’insurger. Le risque de notre époque, c’est la banqueroute du désir. La libido est libre, mais elle a pris la fuite ! Ainsi, le néo-puritanisme ou a-sexualité apparaît plutôt comme une ruse : il interdit le désir pour mieux le susciter. La revalorisation de la chasteté intervient à un moment où la norme est de jouir absolument. Résultat : en prônant la virginité, on entre presque en dissidence ! »
L’hyper woman
« En conciliant sa maternité et son ministère, Rachida Dati a lancé un défi biologique. Elle s’est presque comportée comme un être anti-nature… Ultra soucieuse de son apparence, elle a inventé le concept de la femme dandy ! Quant à l’absence officielle d’un père, s’agit-il d’un pied de nez à sa famille conservatrice ? A-t-elle fait un bébé toute seule ? Le père est-il si connu qu’on ne puisse le nommer ? Peu importe ! L’émergence de cette femme, à la fois ministre, issue des minorités, enceinte et célibataire, a prouvé que les esprits ont incroyablement évolué. »
La confusion des rôles
Depuis quelques années, il y a une confusion vestimentaire entre l’honnête femme et la femme vénale : la racoleuse est souvent chic, la mère de famille s’habille avec des cuissardes, signe de domination qui laisse supposer une expertise sexuelle forte. Mais, sous cette botte, il y a toujours un cœur qui bat… Pourquoi, quarante ans après le féminisme, les femmes s’affichent-elles encore en objets sexuels ? La peur d’être mal considérée s’est substituée à celle de ne pas être désirée mais grâce à la science, à la cosmétique, aux traitements hormonaux, au Viagra, on a gagné quinze ans de vie sentimentale. »
Les lolitas trentenaires
« En moyenne, les femmes ont des enfants dix ans plus tard qu’auparavant. Ce qui leur permet de lancer leur carrière, puis de fonder éventuellement une famille. C’est la grande réussite française, pays où le taux de natalité est le plus élevé. Et ce “butinage” sexuel entre 20 et 30 ans brise des lieux communs : la sexualité féminine n’est pas forcément liée aux sentiments. Comme les hommes, les femmes peuvent avoir une libido impulsive et vagabonde. Ce qui était l’apanage d’un sexe devient progressivement la prérogative d’un autre. Evidemment, si une femme n’a pas l’air de vouloir un enfant, à un moment, la pression sociale devient forte, mais on commence à observer la même chose chez les hommes célibataires de 45 ans, à qui l’on dit aussi que sans enfants, leur vieillesse sera sinistre. »
Le total-couple
« Rien n’attire plus qu’un couple qui combine la célébrité, le talent, le bonheur, la réussite, la fortune et l’engagement humanitaire. Dans le genre, ce couple a l’air parfait ! Quarante ans après la libération des mœurs, le couple qui rime avec fidélité, constance et famille nous fascine encore. Ce qui prouve que nous n’avons pas fait table rase du passé. En amour, il faut toujours choisir entre la passion et la pérennité. Les couples de stars donnent l’impression d’avoir les deux ! Ils forment un couple absolu, dans tous ses bénéfices, échappant aux contingences matérielles. A notre époque de grande instabilité conjugale, ces duos incarnent nos rêves inconscients et collectifs. Avec un côté demi-dieux : ils réalisent ce que nous sommes impuissants à accomplir. »
Le papa bobo
« Qu’un homme puisse partager avec ses enfants des choses longtemps réservées aux mères semble une avancée importante. Les nouveaux pères jouent, parlent, échangent quotidiennement avec leurs enfants… Ce qui, naguère, était seulement le cas des veufs (à qui l’on conseillait très vite de se remarier). Cela prouve que le féminisme a été aussi une libération pour les hommes : la paternité moderne offre un nouveau versant à la masculinité, qui, enfin, n’est plus cantonnée à la compétition, à la conquête, voire à la violence. Mais le néo-père, ça peut aussi mal tourner : les femmes reprochent parfois aux hommes d’être devenus ce qu’elles voulaient justement qu’ils deviennent : des nounous ! »
Le divorce express
« La multiplication des divorces rapides et sans haine prouve que l’on a fait un choix de société : entre, d’un côté, le bonheur personnel et, de l’autre, la famille, l’équilibre des enfants et les conventions, on a choisi le bonheur ! L’amour aussi est devenu consumériste… L’adultère n’a pas disparu, il a un autre visage : hier condamné par la morale collective, il est aujourd’hui vécu comme un échec personnel. Résultat : on ne se moque plus des cocus, on les envoie chez le psychanalyste ! »
La garde alternée
« Cette petite douleur hebdomadaire, qui se réveille quand l’enfant s’en va pour une semaine, annonce à l’avance la grande séparation, celle où il quittera définitivement le domicile parental. Mais la garde alternée comporte aussi des aspects agréables : elle offre la possibilité d’être un parent responsable, puis, la semaine suivante, un célibataire déchaîné ! Cela permet aux adultes de retrouver les plaisirs de la jeunesse, de la flânerie, de la disponibilité. Reste à savoir si cette alternance se révèle aussi agréable pour l’enfant. En tout cas, ce mode de garde symbolise notre incapacité à choisir, notre envie de ne renoncer à rien, ni à son bonheur personnel, ni à sa famille, ni à sa carrière, ni à ses amours… Comme si on voulait en permanence tenir entre les mains toutes les options de l’existence, telles qu’elles se présentent au seuil de l’âge adulte. On veut tous avoir 25 ans ! »
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