Derrière la volonté d’agir en matière de discrimination, une réalité qui reste à construire
Selon une étude de la Cegos menée au cours de l’année 2019 auprès de 1046 salariés et 181 Directeurs ou Responsables des Ressources Humaines / Directeurs ou Responsables RSE (DRH/RRH/RSE), travaillant tous en France dans une entreprise ou une organisation de plus de 50 collaborateurs, au sein des secteurs privé et public :
- 1 salarié sur 2 dit avoir été victime de discrimination au cours de sa vie professionnelle
- 81% des femmes et 86% des moins de 31 ans considèrent qu’il est positif de déployer une politique Diversité
2 points clés sur la diversité
Etat des lieux de la diversité : un champ de complexités
- 69% des moins de 31 ans considèrent que le corps social de leur entreprise reflète bien la diversité de la société française, contre 81% des plus de 50 ans.
- 74% des femmes sont favorables à la politique des quotas dans l’entreprise, contre 60% des hommes.
Quand des conflits interpersonnels liés aux problématiques de diversité apparaissent dans l’entreprise, les DRH-RRH disent qu’ils se résolvent d’abord avec l’intervention de la DRH (55%) puis via celle des managers (47%).
Fait intéressant : le recours à des tiers médiateurs émerge fortement (29%), qu’il s’agisse d’un médiateur interne (14%), externe (8%), ou d’une entité compétente en matière de diversité (7%).
Concernant la « promotion » de la diversité, 67% des salariés et 55% des DRH-RRH sont favorables à la politique des quotas, qui consiste à privilégier certaines catégories de salariés dans la politique RH.
Côté salariés, les femmes (74%) y sont beaucoup plus favorables que les hommes (60%), une telle politique apparaissant ici comme un levier pour accélérer, voire « forcer » le changement.
A ce sujet, 42% des DRH-RRH disent pratiquer une telle politique des quotas mais seuls 15% d’entre eux déclarent qu’elle est clairement affichée et assumée.
Manager la diversité : derrière la volonté d’agir… une réalité à construire
- Le déploiement d’une politique Diversité est jugée positivement par 81% des femmes et par 86% des moins de 31 ans (vs 78% pour l’ensemble des salariés).
- Pour 56% des salariés, la politique Diversité contribue d’abord au bien-être de tous.
Discrimination, entre vulnérabilité et prise de conscience
33% des salariés déclarent aujourd’hui pouvoir être sujet à discrimination dans le monde du travail, avec des différences significatives en fonction de l’âge (38% pour les moins de 31 ans vs 23% pour les plus de 50 ans), du sexe (38% pour les femmes vs 28% pour les hommes), de la fonction (40% pour les managers vs 28% pour les non-managers).
Face aux situations de discrimination, et derrière la bonne volonté affichée, le niveau d’entraide entre les salariés demeure faible.
Plus spécifiquement, les salariés disent avoir été témoins, en moyenne, de 4 types de discrimination au cours de leur vie professionnelle. A l’inverse, 29% n’ont jamais été témoin d’une quelconque discrimination.
Les cinq formes de discrimination les plus citées par les salariés témoins sont relatives à l’apparence physique (43%, soit +16 pts vs 2011), l’âge (36%, +12 pts), les activités syndicales (33%, +12 pts), l’état de santé (31%, +15 pts) et le sexe (30%, +9 pts). Il y a là aussi un gap générationnel, les moins de 31 ans citant plus fortement l’apparence physique (51%) et le sexe (43%) comme facteur observé de discrimination.
Par ailleurs, la moitié des salariés déclare avoir déjà été victime de discrimination. Il s’agissait d’actes liés à l’âge (18%), l’apparence physique (16%, +7 pts vs 2011), l’état de santé (14%), le sexe (13%), les activités syndicales (10%). Sans surprise, les scores sont plus élevés chez les femmes, victimes de discrimination liée au sexe (22%), à l’âge (21%) et à l’apparence physique (19%).
Les collègues de travail sont identifiés comme les principaux acteurs des discriminations (pour 28% des salariés et 25% des DRH-RRH), suivis des managers directs (25% et 22%).
En revanche, si les collègues de travail sont aussi considérés par les salariés comme les acteurs les plus volontaires pour lutter contre les discriminations (25%), ce sont d’abord les membres de la fonction RH qui sont en première ligne… d’après les DRH-RRH (44%).
Un point d’accord toutefois entre salariés et DRH-RRH, la perte d’influence des partenaires sociaux. Du côté des DRH, l’âge (25%, -7 vs 2011), les activités syndicales (25%) et l’état de santé (24%, +5) sont les trois formes de discrimination les plus fréquemment rencontrées dans leur entreprise.
En revanche, ils estiment que, dans les entreprises en général, l’origine ethnique (56%, -15 pts vs 2011), l’apparence physique (54%, +8) et le handicap (50%, +3) constituent les principaux cas de discrimination.
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Pour consulter l’étude complète
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