Gérer ses émotions devient une compétence de plus en plus recherchée en entreprise. En même temps, c’est comme si on oubliait que nos émotions sont foncièrement utiles la plupart du temps, et ce, sans que nous en ayons conscience. Comprendre le caractère fonctionnel des émotions est un prérequis pour bien les gérer.
Gérer ses émotions : comprendre la valeur ajoutée de la peur
La peur est le signal d’un danger. Dans notre vie personnelle, nous allons généralement ressentir de la peur face à un agresseur ou à un bus qui ne nous a pas vu et risque de nous rouler sur les pieds. La peur active naturellement trois comportements possibles : la fuite, l’attaque, ou la catatonie (surtout utile chez les gazelles, pour faire croire aux lions qu’elles sont déjà mortes, faisant ainsi lâcher l’étreinte du prédateur). Pour nous, êtres humains, la fuite ou l’attaque sont des comportements utiles pour éviter que le danger atteigne notre intégrité. C’est toute la valeur ajoutée de la peur. En entreprise, gérer ses émotions consiste dans un premier temps à identifier qu’on a peur. Sachant qu’elle est le signal du danger, il s’agit alors de repérer quelle est la nature de la menace et d’évaluer son niveau d’objectivité et de conséquences sur son intégrité.
Comprendre la valeur ajoutée de la colère
La colère est noble et utile. Gérer ses émotions consiste en premier lieu à comprendre que la colère est le signal de la frustration. La frustration est le mécanisme qui nous fait découvrir que nous ne réussissons pas là où nous attendions à réussir… et nous éprouvons de la colère. S’énerver, pester ou crier font du bien et permettent d’activer les comportements réponse. Elle nous invite à faire autrement ! Gérer ses émotions consiste alors à accepter que la colère nous invite à surmonter les obstacles pour atteindre nos objectifs. La colère est une émotion essentielle en entreprise : bien faire notre travail nous confronte en effet à de multiples obstacles.
La colère est également le signal d’un manque de respect à notre égard. La colère est alors l’émotion de l’affirmation de soi : demander des excuses par exemple. Lorsqu’elle est disproportionnée, gérer ses émotions passe davantage par le développement de son assertivité pour éviter de se transformer en hérisson à la moindre frustration.
La fonction utile de la tristesse
La tristesse est le signe de la perte. Dans la sphère privée, nous la connaissons bien quand nous faisons le deuil d’un être cher. Ou que nous devons faire face à des séparations… Nous pleurons, nous manquons d’énergie. La tristesse est faite pour nous aider à faire son deuil et à prendre le temps pour le faire. La tristesse stimule également la recherche du soutien émotionnel de la part des autres. En entreprise, elle peut apparaitre avec le départ d’un collègue apprécié qui a décidé de se reconvertir ou encore, des changements organisationnels impactant nos compétences ou nos habitudes de travail. Il est important de repérer sa tristesse et d’accueillir le ralentissement cognitif et somatique qu’elle induit. C’est un prérequis pour retrouver l’énergie et l’élan du réengagement.
Gérer ses émotions en valorisant la joie
La joie est le signe du succès, de la performance. La joie nous indique que ce que nous faisons fonctionne et nous met dans l’épanouissement. Elle nous oriente naturellement à continuer dans la même direction, à faire durer le plaisir. C’est un marqueur clé pour modéliser nos comportements de réussite. Ne nous privons pas d’être en joie : c’est prendre soin de sa santé physique et mentale. En effet, la joie nous permet de secréter de la dopamine, et c’est le cercle vertueux de la réussite qui se met en marche. En entreprise, comme chaque émotion, on se sent parfois contraint de cacher sa joie alors qu’elle est légitime. Acceptons notre joie et montrons-là. Les neurones miroirs de nos collègues s’activent pour leur propre épanouissement. La joie est une émotion contagieuse, et c’est pour la bonne santé des entreprises.
Gérer ses émotions de dégoût
Là encore, il peut être utile d’accepter que le dégoût gère pour nous des choses très utiles. Aux origines, le dégoût nous détourne rapidement d’une chose mauvaise pour nous. Le dégoût alimentaire, c’est de la prévention de notre propre santé ! Cette émotion nous invite alors à ne pas manger quelque chose qui va nous rendre potentiellement malade. En entreprise, le dégoût peut se manifester par la répulsion d’une activité à faire ou par la trop grande proximité d’une personnalité « toxique ». Cette émotion nous invite à nous interroger sur l’objectivité de ce à quoi nous sommes exposés et qui nous dégoûte. L’émotion parle parfois vrai et il faut accepter ce qu’elle nous invite à faire. C’est-à-dire à ne pas nous exposer à la source du dégoût.
L’utilité de la surprise
C’est peut-être l’émotion de base qui nous gère le mieux car il est difficile de gérer la surprise. Que ce soit dans la vie ou dans l’entreprise, la surprise est le signal de notre incompréhension face à une situation. Cette émotion nous invite à aller chercher les informations qui nous manquent et active les mécanismes cognitifs qui vont nous permettre de comprendre la situation.
Pour bien gérer ses émotions, il est important de comprendre en quoi ce sont elles qui nous gèrent. Lorsqu’elles deviennent dysfonctionnelles, il est alors utile de les gérer de manière proactive.
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